Rue de Médicis
Plan et élévation de la Grotte du jardin et du palais du Luxembourg, 1752, gravure, in : J.-F. Blondel, Architecture françoise, t. II, planche 189
En souvenir des jardins italiens de son enfance, notamment ceux de Boboli, à Florence, Marie de Médicis ponctue celui environnant son nouveau palais du faubourg Saint-Germain de grottes, de bassins et de terrasses agrémentées de jeux d’eau. La reine s’adresse à Thomas Francine (Tommaso Francini en italien), fontainier né à Florence qu’Henri IV avait fait venir en France. C’est Francine qui trace, vers 1630, les plans de la grotte du Luxembourg : il l’édifie en fond de perspective, vers l’est, au terme de la grande allée longeant la façade du palais sur le jardin.
La Grotte consistait en une façade composée de trois niches en cul de four qui servaient à masquer les bâtiments de la rue d’Enfer auxquels elle était adossée. Quatre colonnes d’ordre toscan au fût bagué orné de bossages et congélations séparaient les niches et supportaient un entablement couronné d’un grand fronton aux armes de France et des Médicis, surmonté de pots à feu, et encadré de figures allégoriques couchées, représentant Le Rhône et La Seine, commandées au sculpteur Pierre Biard (1592-1661). Un mur en pierre de taille décoré de fausses arcades flanquait la grotte.
Lors de l’affectation du palais du Luxembourg au Sénat conservateur, Chalgrin envisage de restaurer cet ornement remarquable du jardin de Marie de Médicis. L’architecte demande aux sculpteurs Francisque Duret (1732-1816), Ramey et Talamona de restituer les allégories fluviales de Biard, fort ruinées. Il fait en revanche remplacer les armoiries par un simple rectangle de congélations et placer une Vénus en marbre dans la niche principale, plus large et monumentale. Le petit bassin aménagé devant la niche centrale, jusque-là sans effet d’eau, est alors mouillé : la Grotte du Luxembourg devient alors « Fontaine Médicis ».
Isolée des constructions auxquelles elle était adossée et de ses murs latéraux, la Grotte, désormais « Fontaine Médicis », est dotée, vers 1850, d’un bassin beaucoup plus grand. Dans les années 1860, le percement de la rue de Médicis, décidé par le baron Haussmann, exige son déplacement. Après de vives protestations, soutenues par Alphonse de Gisors, la fontaine est, en 1862, démontée et remontée une trentaine de mètres plus près du palais. Alphonse de Gisors fait alors restituer la couronne et les armes de France et des Médicis, puis fait construire un long bassin orné de vasques au devant de la fontaine.
Un nouveau décor sculpté est confié au sculpteur Auguste-Louis Ottin, qui conçoit trois figures pour la niche centrale : un groupe en marbre représentant Acis et Galatée couchés sous un rocher au sommet duquel apparaît la figure colossale en bronze de Polyphème, s’apprêtant à lancer sur son rival la pierre qui doit lui donner la mort. Les figures d’un Faune et d’une Chasseresse occupent les niches latérales.
Auguste-Louis Ottin (1811-1890)
Polyphème surprenant Galatée dans les bras d’Acis, 1866, bronze et marbre, Paris, jardin du Luxembourg, Fontaine Médicis
Galatée dans les bras d’Acis
Sur le revers, Alphonse de Gisors fait placer un bas-relief, que la Ville de Paris avait offert au Sénat. Exécuté en 1807 par Achille Valois (1785-1862), ce bas-relief, représentant une Léda, provenait de la fontaine de la rue du Regard, détruite lors du percement de la rue de Rennes. Une demi-coupole et un fronton, sur les rampants duquel sont couchées deux gracieuses naïades, sculptées par Jean-Baptiste Jules Klagmann (1810-1867), surplombent le relief de Valois.