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L’ancienne confrérie des Chirurgiens (1691-1710)

Rue de l’Ecole-de-Médecine (ancienne rue des Cordeliers)

plan Turgot rue cordeliers

Claude Lucas, d’après Louis Bretez

Plan de Turgot (détail : la rue des Cordeliers et l’amphithéâtre anatomique de la confrérie des Chirurgiens), 1734-39, burin et eau-forte, Kyoto University Library

Fondée au XIIIe siècle, la confrérie des Chirurgiens à robe longue occupa les dépendances de l’église Saint-Côme-Saint-Damien, à proximité du couvent des Cordeliers. Honorée du nom de « Confrérie des saints Côme et Damien », elle dispensait, tous les premiers lundis du mois, des soins gratuits nécessitant des opérations manuelles nécessaires aux malades. En 1437, les membres de la confrérie Saint-Côme reçurent l’autorisation de suivre les cours des écoles de médecine et de se doter, en 1615, d’un local spécial (« collège Saint-Côme »). Ce local abrita la Bibliothèque du roi entre 1622 et 1666. En 1656, la Confrérie fusionna avec la celle des Chirurgiens à robe courte, autrement dit les barbiers, dont le métier consistait à raser, saigner et accoucher.

En 1660, la Confrérie de Saint-Côme perdit un procès face à la Faculté de médecine de Paris, à la suite duquel le droit d’exercer la médecine fut retiré à ses membres. Son influence marquait le pas, lorsque Charles-François Félix et Georges Mareschal réussirent, en 1686, l’opération d’une fistule dont souffrait Louis XIV. L’issue heureuse de l’opération permit à la chirurgie de regagner en crédibilité et aux chirurgiens de rivaliser avec les médecins.

amphithéâtre anc ecoles chirurgie 2

Le dôme de l’amphithéâtre

Dans la foulée, la confrérie de Saint-Côme put édifier un amphithéâtre anatomique, dont le dôme se dresse contre la rue de l’École-de-Médecine (ancienne rue « des Cordeliers »), par laquelle s’effectuait, au XVIIe siècle, l’accès au collège Saint-Côme. L’architecte Louis Joubert érigea cet amphithéâtre entre 1691 et 1695 : c’est un superbe édifice octogonal, dont le dôme est percé de hautes fenêtres et le tambour, d’oculi circulaires et ovales.

portail école chirurgie

Le portail de l’ancien Collège de chirurgie

Le porche de l’École de Chirurgie est encadré de deux figures sculptées en haut-relief, représentant des jeunes hommes ailés, à la longue chevelure. L’un appuie la main sur un écusson, l’autre serre fermement une trompette : tous deux symbolisent apparemment des Renommées. Un fronton courbe, orné de branches d’olivier et d’épis de blé, autour d’un cartouche surmonté d’une couronne, domine le mur de clôture.

clocheton amphithéâtre anc écoles chirurgie

La lanterne de l’amphithéâtre anatomique

Le dôme de l’amphithéâtre anatomique est surmonté d’une lanterne, éclairée d’étroites fenêtres cintrées, entre lesquelles se glissent d’épaisses consoles inversées. La calotte de cette lanterne est surmontée d’un bulbe qui semble s’apparenter à une couronne fermée. 

Entre 1707 et 1710, une salle d’assemblée fut également édifiée. En 1731, la confrérie devint Académie royale de chirurgie par la grâce de Louis XV, qui décida, en 1768, la construction de nouveaux bâtiments dignes de l’importance désormais accordée à l’enseignement chirurgical. Dans l’intervalle, en 1743, les chirurgiens et les barbiers se séparèrent définitivement.

amphithéâtre anc écoles chirurgie 3

L’entrée de l’École royale de dessin

Devenus trop exigus, les anciens bâtiments furent affectés, en 1775, à l’École royale gratuite de dessin, que le peintre Jean-Jacques Bachelier avait fondée en 1766, dans la rue Saint-André-des-Arts. Une large porte rectangulaire à la rigueur néoclassique, située au n°7, rappelle cette nouvelle affectation. Elle soutient un linteau compartimenté, avec trois inscriptions : « ARITHMÉTIQUE GÉOMÉTRIE / COUPE DES PIERRES ET DES BOIS / DESSIN DE L’ARCHITECTURE », à gauche ; « ANCIENNE ÉCOLE ROYALE DE DESSIN 1767″, au centre, et « DESSIN DES FLEURS ORNEMENTS ANIMAUX ET FIGURES HUMAINES / SCULPTURE D’ORNEMENT », à droite. Cette porte est flanquée de pilastres doriques, qui soutiennent un entablement ponctué de médaillons inscrits dans des carrés en renfoncement successifs.

Après 1835, le prolongement de la rue Racine fut l’occasion d’ériger une nouvelle entrée, plus au sud. Cette façade reprit une ordonnance semblable à la porte du 7, rue de l’École-de-Médecine : elle comprend un haut soubassement, percé d’une porte et de deux fenêtres, un grand étage, scandé de pilastres, avec les inscriptions « FIGURES / ANIMAUX », « GÉOMÉTRIE / ARCHITECTURE » et « FLEURS / ORNEMENT », puis un attique décoré de trois médaillons.   

ecole de chirurgie

L’une des figures symbolisant la Renommée

Sur l’écusson de l’une des deux figures allégoriques, l’inscription « ARCHITECTURE » fait allusion à l’installation de l’École royale de dessin. Cette institution évolua, en 1823, en une « École royale de dessin et de mathématiques en faveur des arts mécaniques ». Après plusieurs changements d’appellation, elle devint, en 1877, l’ « École nationale des Arts Décoratifs », puis, en 1925, l’ « École nationale Supérieure des Arts Décoratifs ». Transférée, en 1933, dans la rue d’Ulm, elle aborda de nouveaux domaines (arts graphiques) et créa de nouvelles disciplines (design industriel, photographie, scénographie…).

Les bâtiments de l’ancienne Confrérie sont désormais affectés au département du « Monde anglophone » de l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle.

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