Rue Saint-André-des-Arts
La Cour du commerce Saint-André est un passage, couvert uniquement à ses extrémités, dont l’existence remonte au moins en 1640. Cette « cour » fut aménagée sur le fossé de l’enceinte de Philippe Auguste qui, en 1582, avait été comblé entre les portes de Nesle et Saint-Germain. Un fragment de muraille et une tour, englobés dans les bâtiments à l’est, constituent aujourd’hui les vestiges de cette ancienne fortification. En 1735, ce passage forma, après avoir englobé le « Jeu-de-Metz », un angle reliant la rue Saint-André-des-Arts à la rue de l’Ancienne-Comédie.
Précisément, dans la rue de l’Ancienne-Comédie, Francesco Procopio dei Cotelli, originaire de Palerme, créa, en 1630, l’un des plus anciens cafés de Paris, Le Procope, dont l’une des entrées donne sur la Cour du commerce Saint-André. Au Procope, la clientèle pouvait déguster des cafés « à la turque » et apprécier des spécialités italiennes. A partir de 1688, l’établissement profita de la proximité du théâtre de la Comédie-Française ; puis devint, vers 1740, un point de ralliement pour les philosophes des Lumières.
En 1776, la Cour du commerce Saint-André fut prolongée vers la rue des Boucheries, qui occupait l’emplacement actuel du trottoir sud du boulevard Saint-Germain. En 1791, le percement du rempart de Philippe Auguste établit une communication avec la Cour de Rohan voisine. La Cour du commerce Saint-André fut, en 1792, le théâtre des premiers essais de la machine du député Guillotin, député de Paris. Cette même année, elle comptait deux locataires, dont le destin bascula pendant la Terreur : Danton et Camille Desmoulins. Non loin de là, face à l’entrée actuelle du passage sur le boulevard Saint-Germain, un monument à Danton rappelle l’arrestation de cet homme illustre en ces lieux, le 31 mars 1794.
L’entrée du passage, sur le boulevard Saint-Germain
De nouvelles constructions marquèrent, en 1823, le débouché de la rue Saint-André-des-Arts. En 1877, le percement du boulevard Saint-Germain amputa la Cour du commerce Saint-André d’une partie de sa longueur. C’est alors qu’une porte monumentale fut édifiée, de ce côté, pour souligner l’entrée du passage. Elle se compose d’une grande arcade en plein cintre, inscrite dans un encadrement rectangulaire mouluré, terminé par un entablement dont la frise porte l’inscription « COUR DU COMMERCE SAINT-ANDRÉ ». Dans les écoinçons de l’arcade, deux médaillons portent, sur un fond de rinceaux, les lettres entrelacées « S. A. » pour « Saint-André ».
L’atlante représentant Mercure (vers 1877)
De part et d’autre, des pilastres à bossages et cannelures soutiennent deux termes : l’un représente Vulcain ou Héphaïstos, demi-nu et barbu, tenant un marteau de forgeron en guise d’attribut, symbolisant l’activité humaine ; et l’autre Mercure ou Hermès, dieu du Commerce, coiffé du casque ailé, avec le caducée et la bourse, ses attributs habituels.
Au mois de mars 1877, le passage prit le nom de « Cour du Commerce » en raison des différentes boutiques qui s’étaient installées le long de son cheminement pavé, entre les rues Saint-André-des-Arts et le boulevard Saint-Germain.